Retraite à 64 ans : non à la régression sociale !
Écrivains, artistes et chercheurs solidaires du mouvement social

Malgré des semaines de mobilisation populaire intenses, le président Macron et son gouvernement s’entêtent à faire passer par tous les moyens la retraite à 64 ans, pourtant massivement rejetée.

Si cette réforme est rejetée par plus de 70 % des Français, c’est que rien ne justifie cette brutale régression sociale. Le président Macron et son gouvernement font appel à la « valeur travail » : mais ils ne perçoivent en réalité les travailleurs et le travail que comme une marchandise dont la seule « valeur » est de produire des profits pour des actionnaires.

Pour tenter de l’imposer, M. Macron, Mme Borne et M. Dussopt ont abîmé le débat public et la crédibilité de l’exécutif en énonçant une quantité invraisemblable de contre-vérités :

  • Le déficit des retraites serait « insurmontable » : affirmation démentie par le Conseil d’orientation des retraites (COR) lui-même.

  • La retraite à 64 ans serait le « seul moyen de sauver le système » : Oxfam a démontré qu’une simple taxe de 2 % sur les 40 milliardaires français les plus fortunés rapporterait plus que la pire hypothèse de déficit avancée par le gouvernement.

  • La réforme serait « favorable aux femmes » : les propres documents du gouvernement montrent que l’allongement de la durée au travail sera deux fois plus importante pour les femmes que pour les hommes.

  • « Il n’y a pas de perdant » : sauf les millions de personnes âgées à la santé dégradée par les travaux pénibles. 

  • « La pension minimale à 1 200 euros » : M. Dussopt lui-même a fini par être obligé de reconnaître que les bénéficiaires ne seraient pas 2 millions comme annoncé, mais entre 10 et 20 000…

  • La réforme figurait dans le programme d’Emmanuel Macron : terrible manipulation qui consiste à faire croire qu’une élection acquise en grande partie pour éviter l’extrême droite vaudrait blanc seing pour tout un programme. D’autant que l’argument ne semble en revanche pas s’appliquer aux 1 200 euros également promis

Emmanuel Macron renie sa propre parole, lui qui déclarait en 2019 : « Tant qu’on n’a pas réglé le problème du chômage dans notre pays, franchement ce serait assez hypocrite de décaler l’âge légal. Quand, aujourd’hui, on est peu qualifié, quand on vit dans une région qui est en difficulté industrielle, quand on est soi-même en difficulté, qu’on a une carrière fracturée, bon courage déjà pour arriver à 62 ans ».

Trois ans plus tard, personne ne peut affirmer que le problème du chômage serait réglé, que le monde du travail ne serait plus « en difficulté » ou que les carrières ne sont plus « fracturées ». Comment dès lors justifier une mesure d’une telle brutalité ?

Dans ce combat, ce sont deux projets de civilisation qui s’affrontent. 

Celui du gouvernement n’a pour horizons que les intérêts du capital financier, l’extension sans fin des profits au prix de la destruction de la planète, et la privatisation des services publics

Le nôtre, celui des opposants à sa réforme, veut protéger les relations humaines entre générations, la qualité de vie des retraités, et particulièrement des femmes, la possibilité de commencer une nouvelle vie après des décennies de labeur souvent pénible, le partage du travail et des richesses pour respecter les limites planétaires.

Macron a définitivement perdu la bataille politique, et ne peut plus compter désormais que sur une victoire « institutionnelle » qui laisserait des traces profondes, tant la colère du peuple est grande.

Son entêtement rappelle étrangement la formule ironique de Bertolt Brecht :

Le peuple a par sa faute perdu la confiance du gouvernement, et ce n'est qu'en redoublant d'efforts qu'il peut la regagner. Ne serait-il pas plus simple alors pour le gouvernement de dissoudre le peuple et d'en élire un autre ?

Comme Pierre Bourdieu et un grand nombre d’intellectuels l’ont fait en 1995, nous, signataires de cet appel, appartenant au monde l’art, de la littérature, de la recherche, nous déclarons solidaires des grévistes, des manifestants, des syndicats et de cet immense mouvement social, le plus ample depuis des décennies, qui luttent contre cette réforme méprisable et ce pouvoir méprisant.

Oui, la grève et les blocages sont des réponses populaires justes et raisonnables face à un pouvoir enfermé dans la solitude de ses certitudes dépassées.

Le gouvernement aurait tort de croire qu’en faisant passer sa loi au Parlement avec le soutien de la droite, le mouvement social se dispersera aussitôt. En 2006, déjà, un gouvernement de droite a cru mettre un terme à la contestation massive de son « contrat première embauche » en recourant au 49.3 : il n’en fut rien, et le CPE fut finalement abrogé. 

Le mouvement social actuel continuera, et nous y prendrons toute notre part, jusqu’au retrait ou à l’abrogation de cette contre-réforme socialement, moralement et humainement inique.

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