Alors que les dirigeants se réunissent pour le Sommet du G7 afin de discuter de la manière de bâtir une "reprise forte, durable, équilibrée et inclusive", il est essentiel que les gouvernements du G7 placent "les ambitions mondiales en matière de changement climatique et l'inversion de la perte de biodiversité au cœur" de leurs plans [1] et cessent de financer les énergies fossiles.
Nous sommes à un moment charnière de la crise climatique. Les impacts locaux, régionaux et mondiaux du changement climatique touchent déjà de manière disproportionnée certaines communautés en première ligne, les peuples autochtones, les femmes, les jeunes, les mouvements sociaux, les travailleurs, les syndicats, les mouvements urbains et les agriculteurs du Sud. Plus nous tardons à agir, plus il sera difficile d'éviter les pires impacts climatiques et de garantir une transition juste pour les travailleurs, les communautés et les pays. En même temps, les impacts économiques et sanitaires de la crise du COVID-19, combinés aux impacts croissants du changement climatique, ont créé des situations dévastatrices pour les pays du Sud.
*Nous ne pouvons pas nous permettre d'utiliser plus de combustibles fossiles*.
Les plans actuels de production et d’expansion des énergies fossiles ne sont pas compatibles avec les objectifs climatiques convenus au niveau mondial [2]. Dans sonrapport de mai 2021, l'Agence internationale de l'énergie a confirmé que les nouveaux projets d'exploitation du pétrole, du gaz et du charbon dans le monde ne sont pas compatibles avec la limitation du réchauffement de la planète à 1,5 °C et que les gouvernements doivent de toute urgence renforcer leur ambition d'éliminer progressivement la production existante [3]. Cela signifie également que la croissance continue et délibérée de la production de charbon, pétrole et gaz en Afrique, en Asie et en Amérique latine est contraire aux preuves scientifiques qui démontrent la nécessité d’un arrêt urgent de l'expansion des combustibles fossiles en raison de ses impacts sur le climat, les moyens de subsistance, la santé publique et l'environnement.
*Le gaz est une énergie sale, coûteuse et inutile pour le développement*
Les gouvernements du G7 et d'autres pays du Nord continuent de promouvoir la dépendance au gaz et aux autres énergies fossiles dans les pays du Sud. Les institutions financières des gouvernements du G7 et d'autres pays du Nord soutiennent l'expansion des projets gaziers non seulement dans leur pays mais aussià l'étranger avec d'énormes sommes d'argent public. La poursuite des investissements dans les énergies fossiles, y compris le gaz, verrouillera les émissions pendant des décennies et créera des actifs échoués qui seront autant de fardeaux pour les pays en développement à l'avenir. Au lieu de chercher des échappatoires pour continuer de soutenir le développement du gaz sale, les institutions financières - et les gouvernements qui les soutiennent - devraient explicitement mettre fin à tout financement et soutien aux énergies fossiles. Ce faisant, elles pourront libérer d'importantes sommes d'argent public pour bâtir une économie plus durable après la crise du coronavirus et accroître leur soutien financier aux pays en développement.
*Une relance juste doit alléger le fardeau de la dette*
La crise du COVID-19 a entraîné une instabilité des prix du pétrole, une diminution des investissements et une baisse des recettes publiques. Par conséquent, le remboursement de la dette des pays du Sud est devenu encore plus insoutenable, en particulier pour les pays producteurs d’énergies fossiles. Ces remboursements de la dette augmentent au moment même où les pays doivent développer les systèmes de santé et les protections sociales nécessaires pour faire face aux effets de la pandémie. Les gouvernements du G7 doivent poursuivre l'annulation de la dette pour alléger ce fardeau.
Ce que nos gouvernements décident aujourd'hui déterminera notre capacité à diminuer les émissions mondiales de CO2 d'ici 2030, à cesser de mettre les communautés en danger au travers de projets d’hydrocarbures sales et à préserver l'intégrité des peuples.
Nous, les XX organisations soussignées de XX pays, appelons les dirigeants des gouvernements du G7 à écouter et à répondre aux voix des citoyennes du monde qui exigent une justice climatique, la fin de l'extraction des énergies fossiles et l'annulation de la dette, et à prendre les mesures suivantes:
- Annuler les paiements de la dette des pays du Sud confrontés à la COVID-19 et aux impacts climatiques;
- Arrêter tout financement des énergies fossiles par les bailleurs bilatéraux et multilatéraux, et encourager les autres gouvernements à faire de même;
- Soutenir les mécanismes pour aider les pays du Sud à accélérer une transition juste, et refuser les mécanismes de règlement des différends commerciaux internationaux qui protègent les investissements dans les énergies fossiles ;
- Payer leur juste part de finance climat aux pays du Sud pour l'adaptation, le développement des énergies renouvelables, une transition juste pour les travailleurs, les communautés et les pays vers un système énergétique propre, et l'accès à l'énergie pour ceux qui en sont actuellement privés;
- Mettre un terme au développement des énergies fossiles dans vos propres pays, y compris en mettant fin aux subventions aux hydrocarbures; planifier et mettre en œuvre le déclin de la production existante de pétrole, de gaz et de charbon; et initier rapidement une transition juste vers des sources d'énergie renouvelables propres et sûres - ce qui implique un dialogue important avec les travailleurs du pétrole, du gaz et du charbon, leurs syndicats et les communautés affectées.
La crise climatique représente la plus grande menace existentielle pour notre planète et nos communautés. Le GIEC nous a averti que nous devons réduire de moitié les émissions mondiales de gaz à effet de serre d'ici 2030 pour éviter les impacts les plus catastrophiques du changement climatique. Le soutien aux énergies fossiles sape l'action climatique mondiale et met en danger la santé des communautés locales.
En ce moment critique, nous demandons aux gouvernements du G7 de faire preuve d'un réel leadership en matière de climat et de cesser d'alimenter la crise climatique par leur soutien aux énergies fossiles, y compris la production et la consommation decombustibles fossiles dans les pays du Sud.
Signé:
Africa Coal Network – Africa
Africa Institute for Energy Governance – Africa
Africa Network for Environment and Economic Justice – Nigeria
Arab Watch Coalition — Middle East & North Africa
Asian Peoples' Movement on Debt and Development – Asia
Center for Natural Resources Governance based – Zimbabwe
Comité Nacional de Lucha Contra el Cambio Climático – Dominican Republic
Corporate Accountability and Public Participation Africa – Nigeria
Environmental Rights Action / Friends of the Earth Nigeria – Nigeria
Friends of the Earth Togo – Togo
Health of Mother Earth Foundation – Nigeria
Natural Justice: Lawyers for Communities and the Environment – International
Oil Change International – International
Oilwatch Africa – Africa
Peace Point Development Foundation – Nigeria
Powershift Africa – Africa
South Durban Community Environmental Alliance – South Africa
WoMin African Alliance – Africa
350.org Latin America – Latin America
350.org Africa – Africa
[Plus de signatures à venir]
References:
[1] G7 February Virtual Summit Commitments
[2] 'Production Gap' and 'Sky’s Limit' reports
[3] IEA: Roadmap for the Global Energy Sector