Répondant à l'invitation de votre connaissance Sir Dexter Mannington vous vous rendez à son manoir dans la banlieue de Londres. Il vous reçoit pour un breakfast délicieux dans sa grande salle à manger toute décorée en lambris acajou et égayée de rideaux blancs. Le service de table est en porcelaine fine et les couverts sont en argent étincelant.
Sir Dexter se confie enfin à vous :
- Mon ami, le problème que je souhaite vous soumettre est digne de vos talents ! En fait, de votre succès ou de votre échec dépendra le sort de plus de 1.000.000 de Livres Sterling
Pétrifié par la surprise vous demandez plus de renseignements.
- Mon frère Matthew Mannington a joué un rôle majeur dans l'essor des chemins de fer britanniques et y a amassé une fortune considérable. Trop occupé par ses affaires, il s'était marié jeune et n'a eu qu'un seul enfant, sa fille Elisabeth. A 20 ans celle-ci s'est amourachée d'un jeune ingénieur, John Barnett, qui travaillait pour la compagnie ferroviaire de son père. Contre son avis, elle a choisi de se marier avec lui ce qui eut pour effet de faire licencier John et de faire se brouiller Elisabeth et son père. Les deux amoureux prirent la décision d'émigrer aux USA.
Avec grande attention vous continuez à écouter les explications de sir Dexter Mannington.
- Alors que Matthew avait choisi l'ignorance, j'ai gardé le contact avec ma nièce Elisabeth et nous nous sommes écrit de temps en temps. Un an après leur mariage, elle eut un enfant de cette union en 1858, Robert Barnett. Mais malheureusement, en Octobre 1869 Elisabeth m'a appris la mort accidentelle de son mari, la laissant seule pour élever son enfant.
- Matthew a-t-il continué de l'ignorer ?
- Non, en effet, cet évènement tragique l'a fait réagir. Il a repris contact avec sa fille et lui a fait parvenir assez d'argent pour revenir vivre en Angleterre à ses côtés. Tous deux ont embarqué à bord du "Cassandra" pour faire la traversée. Hélas, le destin fut cruel une nouvelle fois et le bateau fit naufrage dans une horrible tempête. Elisabeth et Robert furent portés disparus.
- Quel triste destin ! Comment votre frère l'a-t-il vécu ?
- Avec fierté certes, mais dans la douleur, jusqu'à son décès l'an dernier, en 1894, il n'en a plus jamais reparlé. J'ai donc hérité de sa colossale fortune, mais dans les mois qui ont suivi sa mort j'ai pris soin de relire les papiers qu'il avait conservés. Quelle ne fut pas ma surprise d'y trouver une lettre envoyée de Boston par le Second du Cassandra qui l'informait qu'il avait eu le bonheur de sauver Robert du naufrage et qu'il souhaitait des consignes pour le lui renvoyer à Londres. Mais, la réponse de mon frère fut surprenante : il refusa le retour de l'enfant et envoya une belle somme afin de pourvoir à son éducation.
- Étonnant en effet ! Avez-vous pris des mesures en apprenant cela ?
- Oui, J'ai fait paraitre une annonce dans tous les journaux de Grande-Bretagne et de la cote Est des Etats-Unis invitant le jeune Robert à venir faire valoir ses droits sur l'héritage de son grand-père. Douze personnes se sont présentées ! Après avoir éliminé 7 imposteurs flagrants, il me reste actuellement 5 personnes que je ne sais pas départager et que j'ai faites venir dans mon manoir. Robert a maintenant 37 ans et physiquement les 5 hommes paraissent proches de cet âge, il faudra donc s'assurer de leur sincérité par un interrogatoire que je souhaite vous confier.
- Très bien je vais m'en occuper.
- Je souhaitais rajouter que mes 4 cousins sont également présents dans le manoir. Ce sont mes futurs héritiers puisque je n'ai pas eu d'enfants et leur cohabitation avec les 5 prétendants est assez électrique, il faudra donc que vous fassiez au plus vite ! Venez, je vais vous présenter les 5 prétendus Robert, en attendant de vérifier leur identité je les ai baptisés par des numéros ...
HERITIER 1 : Il parait d'âge mur, trapu, basané et avec une large cicatrice sur une joue. Ses vêtements et ses expressions sont typiquement ceux d'un cocher de fiacre londonien. Son nom est "Robert Barnett".
HERITIER 2 : Il prétend avoir adopté le nom de "Arthur Smith" en Amérique pour ne plus porter le nom de son abominable grand-père. Il est professeur dans un école privée. Son teint rougeaud et son embonpoint trahissent une vie très casanière. Il a le bras droit en écharpe, en expliquant qu'il s'est cassé le poignet durant une randonnée à cheval.
HERITIER 3 : Il se fait appeler "Philipp Hamilton". C'est un dandy grand et mince, aux cheveux et à la moustache noirs, il prétend être devenu chevalier d'industrie et de vivre de ses placements.
HERITIER 4 : Il dit se nommer "Robert Barnett" et semble avoir mené une vie active en plein air. Il annonce avoir exercé des tas de métiers différents à proximité de New-york.
HERITIER 5 : Ce jeune homme vous apparait chétif et insignifiant, vêtu dans des habits anodins. Il semble limité intellectuellement et sans imagination ce qui est confirmé par son nom de "John Smith"

Après cette présentation succincte des prétendants, Dexter vous propose de vous remettre des documents

- Voici tout de que j'ai gardé des correspondances avec ma nièce et son mari. Cela devrait vous aider.