Les institutions européennes occupent
une place paradoxale dans les campagnes pour les élections du Parlement
européen : parler d’Europe, c’est nécessairement parler des institutions
de l’Europe, mais parler des institutions de l’Europe s’avère rapidement
complexe et même susceptible de réveiller dans l’opinion l’image d’une Europe
trop technocratique.
Pourtant, le sujet institutionnel
ne peut être passé sous silence. Dans la perspective du futur élargissement de
l’UE en 2030 (question elle-même peu, voire pas du tout, abordée dans cette
campagne pour les élections du 9 juin prochain), un rapport rédigé par des
experts (à la demande de Paris et Berlin) envisage une série de pistes pour
préparer l’UE à accueillir de nouveaux membres. Afin de préparer l’Union à un éventuel
élargissement aux Balkans, voire à l’Ukraine ou la Moldavie, ce rapport propos
par exemple une Europe à « quatre cercles » (dont la
« communauté politique » proposée par Emmanuel Macron), l’extension à
de nouveaux domaines du vote à la majorité qualifiée, un changement qui devrait
s’accompagner d’une « codécision complète avec le Parlement
européen ». Ces propositions vont marquer les débats politiques sur
l’Europe dans les prochaines années, elles touchent à des points fondamentaux.
Au-delà des questions strictement
institutionnelles, on voit bien que nous sommes à un tournant politique de
l’intégration européenne et de ses perspectives dans le contexte post-Covid et
de l’invasion russe de l’Ukraine. Le second « discours de la Sorbonne »
d’Emmanuel Macron est à cet égard très symptomatique en appelant de multiples
réformes institutionnelles et politiques de l’UE et à des « changements de
paradigmes », pas seulement dans le domaine de la défense et de la
sécurité européenne. D’autres questions fondamentales se posent à la veille de
ces élections européennes : les grands équilibres politiques, au Parlement
européen et entre les institutions européennes, vont-ils être bouleversés par
le résultat du 9 juin et la progression des partis nationaux-populistes ?
Quels impacts ont toutes ces
questions sur les débats politiques de la campagne électorale en France ?
De quelle manière ces débats parlent-ils en creux des questions
institutionnelles s’ils n’en parlent pas de front ? Et les électrices et
électeurs, qu’en pensent-ils au-delà de l’approche purement institutionnelle
des choses, au plan plus politique, celui des valeurs et des représentations,
celui des attentes et des demandes en matière d’intégration européenne et de
souveraineté nationale ou européenne ?
C’est autour de toutes ces
questions cruciales au vu des enjeux des prochaines élections européennes que
nous nous retrouverons le 27 mai pour la deuxième édition du cycle européen des
Lundis du CEVIPOF.