● Plus de 20 ans de droit international ont défini le genre comme une construction
sociale. En outre, au cours des deux dernières décennies, de nombreux
mécanismes régionaux et onusiens des droits de l’homme, y compris les organes de
traités, ont adopté un langage qui reconnaît la construction sociale du genre,
affirmant la protection des droits de l’homme pour toutes les personnes, quelle
que soit leur orientation sexuelle, leur identité de genre ou leur expression,
ou leurs caractéristiques sexuelles. En outre, les mandats des Procédures
Spéciales des Nations Unies ont fait des affirmations similaires concernant la construction
du genre et les impacts liés au genre sur les violations des droits humains
dans les cadres mondiaux et régionaux des droits humains.
● Les crimes liés au genre sont utilisés contre les victimes* pour faire respecter les
réglementations relatives au genre et imposer des stéréotypes de genre, par
exemple sur les rôles, les comportements, les activités ou les attributs. Les
réglementations relatives au genre recoupent souvent d’autres réglementations
discriminatoires utilisées pour renforcer les systèmes d’oppression, y compris,
mais sans s’y limiter, la race, l’ethnicité, la nationalité, la religion, le
statut d’autochtone, le statut d’immigré, la classe sociale ou le statut
d’handicapé. Lorsqu’ils s’attaquent à la violence liée au genre, les mécanismes
de responsabilisation et les institutions de défense des droits de l’homme
devraient également prendre en considération les autres formes de discrimination
qui se croisent et qui peuvent également sous-tendre l’intention de nuire
l’auteur de l’infraction.
● L’obligation de rendre des comptes pour les crimes à caractère sexiste et les violations des droits de l’homme doit être éclairée et menée par les survivant-e-s et leurs
communautés qui ont été affectés par les conflits, les atrocités et d’autres
contextes de violence. Les organes de suivi des traités relatifs aux droits de
l’homme devraient également tenir les États responsables des persécutions liées
au genre. À cette fin, ces organes devraient préciser la responsabilité des États
en matière de protection contre la persécution liée au genre dans le cadre de
leur mandat.
● La responsabilité en matière de persécution de genre doit inclure une
participation significative des survivant-e-s de persécutions de genre aux
processus de paix et de justice transitionnelle. Les survivant-e-s jouent un
rôle clé dans la création d’une paix durable et leurs droits à participer aux
mécanismes de recours doivent être respectés.
●La responsabilisation en matière de persécution liée au genre doit inclure des
stratégies de prévention qui s’attaquent aux inégalités de genre et aux
stéréotypes de genre néfastes, et qui permettent aux organisations de la
société civile dirigées par des femmes et LGBTQI+** et aux défenseur-euse-s des droits humains de soutenir leurs communautés en toute sécurité.
●Les États doivent respecter leurs obligations en matière de droits humains, en
particulier celles relatives aux femmes, aux filles et aux personnes LGBTQI+, qui
sont touchées de manière disproportionnée par la violence, la discrimination et
un ensemble de violations des droits humains. Cela implique de reconnaître
toute la diversité des citoyens et des communautés, ainsi que de prévenir et de
protéger toutes les communautés et tous les peuples contre les préjudices liés
au genre. Les obligations de l’État incluent également la responsabilité pour
les actes d’acteurs non-étatiques.
● Les organisations de la société civile sont des experts de leurs communautés et
doivent être au centre de tous les processus de responsabilisation et de
justice. La société civile peut éclairer ces processus grâce à des
connaissances contextuelles essentielles à la compréhension des communautés, y
compris, mais sans s’y limiter, les impacts à long terme du colonialisme ; discrimination
historique de genre, raciale, et ethnique ; et des oppressions structurelles
qui peuvent ne pas être reconnues par les acteurs non locaux.
*Nous reconnaissons
que les personnes qui subissent des crimes ou des préjudices peuvent
s’identifier au terme “victime” ou au terme “survivant.”
**Bien que l’acronyme LGBTQI+ englobe un large
éventail de personnes, il n’est pas exhaustif et ne constitue pas non plus
l’acronyme standard universel. Le signe ‘+’ représente les personnes qui
s’identifient à la communauté LGBTQI au sens large, mais qui utilisent d’autres
termes pour s’auto-identifier.